Nombre total de pages vues

dimanche 4 septembre 2011

Burkhard : communication de Marie

Balthazard Burkhard


  1. Démarche d’appropriation :

Je vais vous présenter ma démarche d’appropriation de B.B qui s’est passée en 3 temps :

Tout d’abord apprenant que j’allais faire un cours modeste sur cet artiste que je ne connaissais pas - la première chose à été de le googeliser … d’abord ses images … et puis je me suis rendue à la bibliothèque de St-luc : je trouve un livre  ayant pour titre Eloge de l’ombre

Je me mets donc à lire sur B.B – certains thèmes ressortent comme évidents :– la nature morte – les animaux – le corps – sa continuelle référence à l’histoire de l’art dont la plus évidente est certainement son origine du monde // Courbet – la ville - le paysage

Ma première intention était donc de travailler chacun de ces thèmes ; sur ce rapport peinture/photo… en essayant de tisser des liens avec l’histoire de l’art …

Et puis les vacances de Pâques arrivent et je laisse un peu reposer/tomber tout ça …


2er démarche d’appropriation : Lévi-Strauss – Chardin – Madrid :

Un soir à Madrid je me retrouve dans un bar et je reprends mon carnet de notes – je l’ouvre et tombe sur cette phrase de Lévi-strauss :

« Le spectacle d’un panier de fraises ne sera plus jamais le même pour qui se souvient de la façon dont les Hollandais et les Allemands du XVIIIe siècle ou Chardin, les peignirent ».

Je me souviens à ce moment-là qu’une exposition Chardin est justement organisée au Prado – Je décide d’aller la voir le lendemain – De plus cette phrase me rappelle que je dois faire un cours modeste sur Burkhard et  un de ses thèmes n’est-il pas justement la nature morte ?


Exposition Chardin :

Il faut le dire - je ne me suis jamais intéressée à la nature morte – et pourtant une véritable magie s’est opérée face à aux tableaux de Chardin. Je laissais mon regard balayer la toile – ce sont pour la plupart de petits tableaux – et mon regard était comme aspiré.







Nature morte :

J’étais assez troublée de ce que je ressentais :

Alors qu’est-ce qui m’a troublé ? Deux choses, je pense –

Premièrement :

C’est que la nature morte s’adresse - contrairement à la peinture d’histoire par exemple - aux yeux, aux sensations, au corps et non à l’esprit – Tout un chacun peu l’appréhender sans aucune connaissance préalables. Il existe un rapport direct à l’œuvre – c’est un fragment de réalité – qui fonctionne comme un tout – tout est là – et aucune explication n’est nécessaire.

Elle nous révèle cependant quelque chose d’important – Alors que nous révèle-t-elle ? C’est le deuxième point :

Deuxièmement : 

Ce qu’elle révèle ce sont les structures secrètes de la matière – elle nous montre, à la manière d’un microscope, ce qui est impossible à voir à l’œil nu.

Comme le dit Lévi-Strauss :

« Ce n’est pas un hasard si le trompe-l’œil triomphe dans la nature morte. Il découvre et démontre que, comme le dit le poète, les objets inanimés ont aussi une âme. Un morceau de tissus, un bijou, un fruit, une fleur, un ustensile quelconque, possède à l’égal du visage humain une vérité intérieure – à laquelle comme disait Chardin « on accède par le sentiment, mais que le savoir et l’imagination technique peuvent seules rendrent  »

La deuxième chose qui m’a troublée serait donc ce rendu des textures – et donc la technique :
  
Je me souviens de cette phrase de Diderot sur Chardin :

« Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se recrée et se reproduit »

Notre perception des choses est toujours déterminée par notre distance – le point de vue qu’on adopte face à elles :

Quand on s’approche de très près des œuvres de Chardin – la fraise – le verre d’eau bref - le détail - se brouille, il perd de sa signification et s’inscrit alors dans une sorte de chaos de la matière.

– On aperçoit une sorte de fourmillement de petits points – de grains de matière qui cesse d’être signifiants pour ne plus apparaîtrent que tactiles – nos perceptions sont brouillées - on a alors l’impression que notre œil rentre dans la matière elle-même – notre regard est comme aspiré –

et lorsqu’on rentre au plus profond de la matière –  comme si elle s’était pulvérisée … on l’habite, on est à l’intérieur – et s’en dégagent une multitude de sensations physiques … – L’œil explore comme les mains les matières qui dès qu’on s’en éloigne redeviennent formes –

Pascal disait :

« Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance de choses dont on admire point les originaux »
  
Suite à cette expérience, je pense à l’encontre de cette phrase que comme le disait Paul Klee :

« L’art ne reproduit pas le visible mais le rend visible ».

Je terminerais sur la nature morte, en osant faire ce rapprochement avec Michel-Ange qui pratiquait la taille directe. Il allait choisir ses blocs de marbre à Carrare car pour lui la forme préexiste dans le bloc de marbre et il creuse la matière afin de l’en libérer.  Il disait :

J'ai vu un ange dans le marbre et j'ai seulement ciselé jusqu'à l'en libérer.

Il ne fallait donc plus qu’en faire jaillir la forme –

Alors pourquoi ce rapprochement ? : c’est que je pense que Chardin pour réaliser ses oeuvres fouille véritablement du regard ces objets inanimés et en fait surgir la texture.

Pour revenir au rapport avec B.B c’est que ce qui m’a apparu évident dans son œuvre : est que dès ses premiers travaux, B. a le soucis de donner à ses images une matérialité, une sensualité – par les techniques qu’il utilise : l’impression sur toile – l’héliogravure … il cherche à rendre  la texture des choses. (Procédé d’impression en creux sur plaque de cuivre gravée qui est imprimée)

Pour moi - autant les œuvres de Chardin que les photos de Burkhard révèlent la vie silencieuse des formes et font surgir à l’œil l’essentiel qui nous échappe.

2e démarche d’appropriation : Aby Warburg :

Mardi passé, j’assiste à une conférence de Georges Didi-Huberman sur une exposition qui s’intitule : Atlas, comment porter le monde sur ses épaules ? Travail, exposition qu’il a réalisé à partir de sa réflexion sur Aby Warburg.

Warburg est un historien de l’art allemand qui constitue, dans les années 1920, le projet d'écriture, qui restera inachevé, d'une histoire de l'art essentiellement véhiculée par des images. Cet Atlas d’image portera le nom de Mnémosyne. (Celle qui se souvient)

Son Atlas est constitué de planches de bois tendues de toile noire, où étaient épinglées  reproductions d'œuvre d'art, coupures de presse, publicités : époques différentes, cultures différentes, esthétiques différentes... ».

Voici une de ses planches :


Deux choses apparaissent comme essentielle dans ce travaille :

Tout d’abord : Il présente un argument ayant comme élément des images – des images distantes dans le temps et l’espace – Et ce sont les images elles-mêmes qui donnent une clé pour interpréter les autres images.

Il faut le voir comme un travail d’installation visuelle – qui n’est ni narratif (on n’est pas certain du sens dans lequel il faut lire ces planches) –  il n’est pas non plus explicatif (Warburg n’a fourni aucun texte explicatif) –  mais il n’est pas muet et crée du sens …  car il permet de tisser des liens.

Warburg écrivait le 10 février 1929 :

o        « Après-midi j’ai installé Mnémosyne sur des toiles - on peut maintenant l’embrasser du regard, toute l’architecture depuis Babylone jusque Manet et la critiquer ».

Lors de cette conférence deux choses me sont apparues comme essentielles :

Didi-Huberman dit que ce travail :

-          Se passer d’explication : car l’explication annule les singularités – ce qui est important ce sont les liens créés par chacun d’entre-nous.

-          Il est critiquable et modifiable -

-         Il faut l’embrasser du regard : l’Atlas de Warburg tend à faire parler les faits eux-mêmes en les regroupant. Ce regard embrassant crée de nouvelles connections : et ainsi révèle une loi secrète.


Alors je me suis moi-même prêter au jeu –, – j’ai réalisé à partir de cette photo de Burkhard une sorte de carte mentale en images –

Je vous la laisse regarder :

Temps de regard–

Alors je ne vais pas vous l’expliquer – mais Ce qui m’est apparu « en embrassant » ma planche du regard :

  ce qui s’est révélé à moi : c’est que cette œuvre de Burkhard – et l’on pourrait faire le même exercice pour ses autres œuvres - renferme en quelques sortes  tous ses autres thèmes : – son rapport à l’histoire de l’art – le corps – le paysage– les animaux – …  



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire