Cours modeste # 3 : Balthasar Burkhard : contact par Axel Pleeck
Si les cours modestes sont une tentative de « modifier » notre rapport à la culture, alors il faut imaginer différentes façons de le faire. Pour l’expérience Luc Tuymans, j’envisage, a posteriori, ce rapport comme une relation : j’ai pris du temps pour préparer. J’ai approché l’œuvre par l’homme (par les livres qui racontaient l’homme et sa peinture). La relation est un rapport construit.
Pour Balthasar Burkhard, je voulais quelque chose de plus simple, de plus immédiat. Ma participation devait être une intervention (au sens chirurgical) : brève et violente.
Ces quelques lignes racontent ce contact.
Jeudi 12 mai à 12h30, je prends le train. Arrivé à la gare de Saint-Ghislain, je déplie mon vélo et je fais le trajet jusqu’à Hornu. C’est, pour moi, la préparation du contact : sentir, physiquement, que j’arrive sur les lieux (grande différence avec l’autoroute que je quitte pour me retrouver subitement sur les lieux).
Je voulais un contact, au départ d’une quasi-virginité mais je voulais sentir la progression. Je pourrais aussi dire que je voulais poétiser le trajet.
Sur la différence entre une relation et un contact. C’est tout simple : la relation est profonde. Le contact est une affaire de surface.
J’arrive au MAC’S à 13h45. La dame de l’accueil me propose une visite guidée : je n’avais pas prévu cette option. Faut-il une médiation pour ce contact (au risque d’en diluer la simplicité) ? J’opte pour la visite car je suis seul (pas d’enfants, pas de classe). La bonne surprise est que ma guide est plutôt jolie (en matière de médiation, ça peut faire la différence). Cette guide va être « diplomate » (personne qui favorise les contacts, avant d’instituer les relations). Malheureusement, cette plus-value sera contrebalancée par les doses exagérées de parfums des petites dames qui profiteront de la visite avec moi. Mon nez est puni du plaisir de mes yeux (je parle de la guide, mais aussi de l’expo).
La visite commence. Simplement. Salle par salle. La guide introduit, puis nous laisse regarder. A moi de faire la part des choses. A moi de préserver la pureté du contact. J’ai choisi de ne rien dire de mes émotions. Je dirai pudiquement que j’ai eu beaucoup de plaisir…
Vers la fin, de l’exposition, une salle offre aux visiteurs la possibilité de s’asseoir et de regarder le catalogue. C’est alors que je tombe sur cette citation de Burkhard :
« En recherchant la racine des choses, on arrive à la simplicité »
La racine d’une relation, c’est le contact. Le contact est la forme la plus simple de relation. Les mots disent cette simplicité : surface de contact, point de contact, mettre le contact, etc. Ces expressions renvoient toutes à l’idée de réalités qui se percutent, voire libèrent des énergies. Les photos de Burkhard rendent possible le contact (avec un paysage, avec le corps d’une femme nue, avec la nature).
Avec l’idée de contact, il y a aussi la possibilité d’un démarrage, d’une mise à feu (les anglais parlent, eux, d’ignition).
Et si les cours modestes étaient des mises à feu pour une autre forme du voir et du connaître ?
Il est 15h20. Je vais devoir mettre fin à mon contact avec Balthasar Burkhard. Nous allons perdre, momentanément, le contact. Heureusement ce rapport de surface laisse des traces.
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